Sans Soleil

Une itinérance nocturne | 2008 - 2015

19H30 travail terminé le métro est bondé mais j'ai réussi à me coller à une vitre.

Avoir un champ visuel large ça compte.
On sort de terre partie aérienne du trajet lumières de la gare du Nord, puis de la gare de l’Est.
Impossible de prendre les gens il y a trop de monde, alors je cadre à travers la vitre.
Tentacules de chemins de fer.

Autre soir :
je rentre tard dans le wagon il n'y a plus de place, face à moi un homme fatigué la lumière est superbe sur sa peau noir.
Une semaine après en développant le film je découvre qu'il a un œil ouvert au moment du déclenchement je pensais juste que cet homme dormait, en fait il jetait un œil à la carte des stations.
Je sors d'une soirée dans le bus de nuit : des jeunes se vannent, d'autres cuvent, d'autres dorment


Lui, il lutte pour ne pas rater son arrêt, mais sa tête est maintenant contre la vitre les bulles de lumière à l’extérieur dessinent un rêve
Dans une autre ville c'est Noël des enfants jouent à l’intérieur de bulles d'air géante sur l'eau en plein air "enfermé en plein air" image intéressante.
Sous terre dans les wagons j’imagine ces bulles serrés.
Sphère intime que chacun tente de préserver même dans ces boite à sardine ferroviaire.


Le train est a l'arrêt, depuis 20 min il stationne, le conducteur nous dit qu'il va repartir.
Parfois on ne sait même pas pourquoi on est arrêté les gens sont particulièrement patient.
Le temps s’étire en souterrain.
Attendre le train, non, attendre le bon train; attendre qu’il ouvre ses portes : attendre qu’il les ferme et qu’il reparte.

Charles de Gaulle Étoile : quais de la ligne 01 : la station est en travaux depuis hier : Au mur : les espaces publicitaires sont déjà répartis.

Trop de pub dans les quotidiens gratuits.
Cet homme en costume vient de jeter le journal libre service du jour, et soutient sa tête entre ses mains, peut être n’aime t-il pas, comme moi, ressentir que les jours se répètent.
Il change la musique de son baladeur, moi je prends une photo.
Tuer la routine, en capturant quelque chose d’unique qui ne pourra pas se faire un autre jour.

La nuit ce n'est plus les reflets de la rue que nous offrent les boutiques, mais leurs intérieurs. On trouve le sosie d'Hitchcock qui tient des registres a la sortie du moulins rouge et une pizzeria de Strasbourg Saint-Denis où est vraiment posé une Vespa sur son comptoir.

Á 2h30 du matin la serveuse du traiteur chinois est plongée dans un livre, mais à quelle heure ferme t-elle ?


Je m'éternise dans ce bistrot il est à coté du travail et ses prix ne sont pas évalués sur la cote immobilière du 17ème arrondissement. Certains appellerait ça un rade, c'est juste un bistrot avec des habitués fidèles.

Comme lui, personne ne viendrait prendre sa place, chaque soirs il s’assoit au même endroit. Après ou pendant son désert: il pique du nez. Le patron finit toujours par le réveiller. Il n'a pas de toit mais paye toujours ses repas. Ce doit être un privilège de vouloir échapper à la routine, pour lui ce qui compte c’est de pouvoir dîner chaque soir à la même table.


On ne veut toujours pas rentrer alors on se finit là, mais les consommations sont trop chères, et comme la musique est trop forte, on ne peut pas tenir de conversation : alors on sort et chacun rentre chez soi avec un étrange goût amère dans la bouche.

Après eux, presque le silence, un bus de nuit passe, puis j'entends les oiseaux. Ils se réveillent, ou la ville s’endort? Reste un chien seul dans une caisse, que fait son maître à 4h du mat, le chien n'a pas l'air de paniquer.

Puis des maisons surprenantes et des ombres fantomatiques côtoyant les derniers marcheurs avant de régner jusqu'au levé du soleil.

2015 photos et textes : ANTONIN MABILLE

Sans soleil

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